Faut-il déclarer l’apnée du sommeil ? Obligations légales et conséquences

Personne allongée avec masque nasal et tuyau, image illustrant un traitement de l’apnée du sommeil par ventilation nocturne.
Partager l'article

Temps de lecture : 10 Minutes

Vous venez d’apprendre que vous souffrez d’apnée du sommeil ? Les enjeux juridiques concernent près de 5 % de la population française. Entre permis de conduire, assurances et vie professionnelle, les obligations de déclaration existent et vous évitent des sanctions pouvant atteindre 375 000 € d’amende.

Comprendre l’apnée du sommeil et les enjeux de la déclaration

Définition et risques du syndrome d’apnées obstructives

Le syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS) se manifeste par des interruptions répétées de la respiration durant la nuit. Ces pauses durent entre 10 et 30 secondes et surviennent au minimum 5 fois par heure. Dans les cas sévères, elles peuvent se produire plus de 100 fois par nuit.

Les tissus mous de l’arrière-gorge se relâchent pendant le sommeil et obstruent les voies respiratoires. Cette obstruction fait chuter l’oxygénation sanguine et force le cerveau à déclencher des micro-éveils dont vous n’avez généralement pas conscience.

La gravité se mesure par l’indice d’apnées-hypopnées (IAH) :

  • IAH entre 5 et 15 : apnée légère
  • IAH entre 16 et 30 : apnée modérée
  • IAH supérieur à 30 : apnée sévère nécessitant une prise en charge urgente

Les conséquences immédiates : fatigue chronique, céphalées matinales, difficultés de concentration et somnolence diurne excessive. À long terme, l’apnée non traitée favorise l’hypertension, multiplie par 4 le risque d’AVC et augmente les risques cardiaques. La mortalité cardiovasculaire est significativement accrue chez les personnes non traitées.

Le syndrome touche davantage les hommes avec un ratio de 2 pour 1. 70 % des personnes souffrant d’apnée présentent un surpoids. Après 65 ans, la prévalence atteint 30 %.

Pourquoi et quand la déclarer ?

La déclaration n’est pas systématiquement obligatoire. Elle le devient uniquement dans des contextes précis où votre état de santé peut impacter la sécurité. Vous n’êtes pas tenu de déclarer spontanément votre apnée à la préfecture. Le secret médical prévaut.

Pour le permis de conduire :

  • Si vous passez le permis : obtention préalable d’un avis médical favorable
  • Si vous détenez déjà le permis : déclaration lors du renouvellement (tous les 15 ans pour A et B, tous les 5 ans pour C et D)
  • En cas de visite médicale obligatoire : remplissage loyal de la déclaration

Pour les assurances :

  • Lors de la souscription : réponse sincère aux questionnaires de santé
  • Si l’apnée figure parmi les questions : sa dissimulation constitue une fausse déclaration
  • Après diagnostic sur contrat en cours : pas d’obligation de déclaration spontanée, sauf au renouvellement

En milieu professionnel :

  • Postes à risque (conduite, hauteur, machines) : discussion obligatoire avec le médecin du travail
  • Emplois de bureau sans risque : aucune obligation d’information à l’employeur
  • Le médecin du travail évalue votre aptitude et propose des aménagements si nécessaire

Dès le diagnostic posé, vous ne pouvez plus ignorer votre état. En cas d’accident, l’expertise médicale révélera la pathologie et évaluera votre connaissance de celle-ci.

Apnée du sommeil et permis de conduire

Obligations légales et démarches auprès du médecin agréé

L’arrêté du 18 décembre 2015, complété par celui du 28 mars 2022, liste le syndrome d’apnées obstructives parmi les affections pouvant être incompatibles avec la conduite. Cette évolution transpose une directive européenne de 2014.

Consultez votre médecin traitant qui évaluera la sévérité de votre syndrome. La démarche administrative passe ensuite par un médecin agréé par la préfecture, qui conditionne la validité de votre permis.

Le médecin agréé examine plusieurs paramètres :

  • Votre indice d’apnées-hypopnées (IAH)
  • L’existence et le degré de votre somnolence diurne
  • L’efficacité de votre traitement et votre observance
  • Les résultats du Test de Maintien d’Éveil (TME)
Article similaire :  Découvrez comment porter une robe pour une femme ronde avec du ventre en 2024

Le Test de Maintien d’Éveil mesure votre aptitude à résister au sommeil dans des conditions de repos avec 4 ou 5 sessions de 40 minutes. Sous traitement PPC ou orthèse, vous devrez prouver votre observance via les données enregistrées : heures par nuit, nuits d’utilisation, fuites du masque et apnées résiduelles.

Personne dormant avec masque CPAP et partenaire à ses côtés, image illustrant la gestion de l’apnée du sommeil en contexte domestique.

Délai critique : après l’instauration d’un traitement efficace, vous devez attendre 1 mois avant de reprendre le volant.

Validité du permis et différences selon les catégories de véhicules

La durée de validité dépend de la catégorie détenue et de la sévérité de votre apnée.

Permis groupe léger (A, A1, A2, B, B1, BE) :

  • Validité maximale : 3 ans
  • Renouvellement après visite médicale attestant du contrôle de la pathologie

Permis groupe lourd (C, C1, CE, C1E, D, D1, DE, D1E) :

  • Validité limitée à 1 an seulement
  • Renouvellement annuel systématique avec preuve d’observance
  • Test de Maintien d’Éveil souvent exigé

Les conducteurs professionnels utilisant un permis B (taxis, ambulanciers, VTC, moniteurs d’auto-école) sont soumis aux mêmes contraintes que les titulaires de permis lourds.

Si le traitement ne contrôle pas efficacement votre somnolence, le médecin agréé émet un avis défavorable et votre permis ne sera ni délivré ni renouvelé.

Catégorie de permisValidité maximaleFréquence visite médicaleTest maintien d’éveil
Groupe léger (A, B)3 ansTous les 3 ansSi doute persiste
Groupe lourd (C, D)1 anAnnuelleSouvent obligatoire
B professionnel1 anAnnuelleFréquent

Les permis délivrés avant le 19 janvier 2013 restent valables jusqu’au 19 janvier 2033, mais votre responsabilité personnelle demeure engagée en cas d’accident.

Déclaration aux assurances (automobile et emprunteur)

Obligations d’information et questionnaires médicaux

L’article L113-2 du Code des assurances impose de déclarer sincèrement toutes les circonstances permettant à l’assureur d’apprécier le risque. Pour l’assurance automobile, la déclaration intervient lors de la souscription. Depuis 2023, les assureurs demandent systématiquement des attestations médicales.

Vous devez fournir un certificat médical attestant de :

  • Votre suivi médical régulier
  • Votre traitement et son efficacité
  • Votre indice d’apnées-hypopnées (IAH)
  • Votre observance thérapeutique
  • L’absence de somnolence diurne résiduelle

Pour l’assurance emprunteur, la loi Lemoine de 2022 a supprimé le questionnaire de santé pour les prêts immobiliers inférieurs à 200 000 € par personne, remboursés avant 60 ans. Au-delà de ces seuils, le questionnaire médical reste obligatoire avec des informations détaillées : date du diagnostic, gravité, traitements, résultats d’examens et complications éventuelles.

Les assureurs disposent de moyens de vérification efficaces lors d’un sinistre. Votre apnée diagnostiquée après la souscription n’exige pas de déclaration spontanée pendant la durée du contrat, mais devra être mentionnée lors du renouvellement si un nouveau questionnaire de santé est soumis.

Impact sur les garanties, tarifs et risques de refus d’indemnisation

Pour une apnée légère bien contrôlée, l’impact reste limité en assurance automobile. Pour l’assurance emprunteur, une apnée modérée peut entraîner une surprime de 50 % sur la garantie décès.

En cas d’apnée sévère, certains assureurs peuvent refuser l’assurance ou accepter avec exclusions de garanties. Les garanties ITT et PTIA sont fréquemment exclues totalement, assorties de conditions restrictives ou majorées.

La convention AERAS intervient en cas de refus au niveau standard, avec un examen automatique au deuxième niveau avec critères assouplis.

En cas d’accident responsable, si l’expertise révèle votre apnée non déclarée et que votre somnolence a contribué à l’accident, l’assureur refuse l’indemnisation. Vous devrez assumer personnellement l’intégralité des dommages causés aux tiers.

L’article L113-8 du Code des assurances précise les sanctions :

  • Fausse déclaration intentionnelle : nullité du contrat
  • L’assureur conserve les primes versées à titre de dommages
  • Fausse déclaration non intentionnelle : indemnités réduites proportionnellement

Pour l’assurance emprunteur, la nullité du contrat peut entraîner l’exigence de remboursement immédiat du capital restant dû et la vente forcée de votre bien immobilier.

Gravité de l’apnéeAssurance autoAssurance emprunteur
Légère (IAH 5-15)Impact limité si traitement suiviSurprime modérée (10-25%) sur garantie décès
Modérée (IAH 16-30)Attestation médicale obligatoireSurprime significative (50%) + possible exclusion ITT
Sévère (IAH > 30)Contrôles renforcésRefus possible ou exclusions multiples

Apnée du sommeil en milieu professionnel

Métiers à risque et obligation d’informer l’employeur

Certaines professions exposent particulièrement aux dangers liés à la somnolence diurne.

Article similaire :  Coloration des cheveux et grossesse : tout ce qu'il faut savoir

Les conducteurs professionnels : chauffeurs routiers, conducteurs de bus, taxis, VTC, livreurs et ambulanciers. 57 % des décès chez les camionneurs seraient liés à la somnolence. 40 % des chauffeurs commerciaux souffriraient d’apnée du sommeil.

Les métiers en hauteur : couvreurs, charpentiers, élagueurs, monteurs de lignes électriques, techniciens d’éoliennes. Une microsommeil de quelques secondes suffit à provoquer une chute mortelle.

Les opérateurs de machines dangereuses : conducteurs d’engins de chantier, caristes, opérateurs sur presses.

Les professions de sécurité publique : 40 % des policiers questionnés souffriraient d’apnée ou d’autres troubles du sommeil, un taux deux fois plus élevé que dans la population générale.

Les travailleurs de nuit ou postés connaissent un risque doublé de développer cette pathologie.

Vous n’êtes pas tenu de révéler spontanément votre apnée si :

  • Votre poste ne présente pas de risque particulier
  • Vous occupez un emploi de bureau
  • Votre activité n’implique pas la sécurité d’autrui

Dès que votre activité implique un risque, la visite auprès du médecin du travail devient impérative. Le médecin évalue votre aptitude sans révéler à l’employeur les détails de votre pathologie. Trois situations peuvent découler : aptitude sans restriction, aptitude avec restrictions, ou inaptitude.

Aménagements possibles du poste de travail

L’adaptation des horaires :

  • Passage à des horaires de journée réguliers
  • Suppression des rotations de nuit
  • Espacement des cycles pour les travailleurs postés
  • Réduction temporaire du temps de travail hebdomadaire

Le changement de poste représente une option plus radicale : reclassement temporaire vers un poste administratif pour un conducteur, affectation à des travaux au sol pour un élagueur.

En parlant de sommeil, une autre question se pose : dormir avec les cheveux attachés : est-ce bon ou mauvais pour leur santé ?

Les aménagements matériels incluent :

  • Optimisation de l’éclairage (lumière vive stimulant la vigilance)
  • Amélioration de la ventilation
  • Mise à disposition d’un espace de repos pour courte sieste
  • Formation et sensibilisation de l’équipe avec votre accord

Le dispositif du mi-temps thérapeutique permet de reprendre graduellement après un arrêt. Le télétravail émerge comme une solution innovante, éliminant les risques liés aux trajets.

Sanctions, reconnaissance du handicap et démarches médicales

Conséquences juridiques d’une fausse déclaration

La fausse déclaration intentionnelle dans un contrat d’assurance constitue une escroquerie. L’article 313-1 du Code pénal réprime ce délit d’une peine pouvant atteindre 5 ans d’emprisonnement et 375 000 € d’amende.

Les conséquences civiles :

  • Nullité du contrat d’assurance
  • Obligation de rembourser les sommes indûment perçues
  • Remboursement majoré d’intérêts

En cas d’accident, le Fonds de Garantie indemnise les victimes puis se retourne contre vous avec action récursoire durant des décennies.

Les assureurs consultent des fichiers partagés recensant les antécédents. Une résiliation pour fausse déclaration vous marque durablement et empêche d’obtenir une assurance auto, habitation ou emprunteur pendant plusieurs années.

Personne dormant sur le côté avec masque CPAP, image illustrant un traitement respiratoire contre l’apnée du sommei

Pour les professionnels, un licenciement pour faute grave ou lourde s’ajoute, empêchant toute indemnité de départ et compromettant les droits au chômage.

L’assureur dispose d’un délai de 2 ans à compter de la découverte de la fausse déclaration.

Reconnaissance MDPH et aides disponibles

L’apnée du sommeil sévère retentissant significativement sur votre autonomie peut être reconnue comme handicap par la MDPH.

Pour constituer votre dossier :

  • Formulaire de demande Cerfa unifié
  • Certificat médical daté de moins de 6 mois
  • Projet de vie détaillant vos difficultés concrètes
  • Comptes rendus d’hospitalisation et résultats d’examens

Le certificat médical doit préciser votre IAH, le traitement, l’observance, les symptômes persistants et les répercussions fonctionnelles.

Pour une apnée sévère avec complications cardiovasculaires, un taux de 80 % peut être attribué. Une jurisprudence de décembre 2022 a reconnu ce taux pour une apnée sévère associée à d’autres pathologies.

Les prestations accessibles selon le taux :

  • AAH (Allocation Adultes Handicapés) : environ 1 000 € mensuels si taux ≥ 80 %
  • RQTH (Reconnaissance Qualité Travailleur Handicapé) : facilite maintien/retour à l’emploi
  • PCH (Prestation Compensation Handicap) : finance les surcoûts
  • CMI (Carte Mobilité Inclusion) : avantages fiscaux et tarifaires

La RQTH ouvre l’accès à des aménagements de poste, un accompagnement par Cap emploi et des aides techniques. Les délais de traitement varient entre 3 et 6 mois.

Diagnostic, traitement et attestations médicales

Le parcours débute par une consultation auprès de votre médecin traitant qui vous oriente vers un pneumologue ou un spécialiste des troubles du sommeil.

La polygraphie ventilatoire constitue l’examen de première intention, réalisé à domicile. Si non concluante, une polysomnographie complète s’impose, nécessitant souvent une hospitalisation d’une nuit.

Les critères diagnostiques :

  • IAH < 5 : normal
  • IAH 5-15 : apnée légère
  • IAH 16-30 : apnée modérée
  • IAH > 30 : apnée sévère

Le traitement par PPC reste la référence pour les apnées modérées à sévères. L’appareil envoie un flux d’air continu via un masque. L’observance exige au moins 4 heures par nuit sur la majorité des nuits.

Les orthèses d’avancée mandibulaire offrent une alternative pour les apnées légères à modérées, nécessitant une denture en bon état.

Les mesures hygiéno-diététiques :

  • Perte de poids (5 à 10 % du poids corporel améliore significativement)
  • Arrêt ou réduction de l’alcool le soir
  • Éviction du tabac
  • Adoption de positions de sommeil latérales

Les attestations médicales doivent comporter : diagnostic avec date, IAH, traitement, observance chiffrée, efficacité, résultat du Test de Maintien d’Éveil, et conclusion. Ces certificats doivent être datés de moins de 3 mois.

Depuis 2025, toutes les demandes d’accord préalable sont dématérialisées. Les données d’observance sont automatiquement transmises à l’Assurance Maladie.


Partager l'article

Publié par Sarah P

Sarah P

Je m'appelle Sarah et je suis rédactrice freelance depuis plus d'un an pour Maminutebeauté. Passionnée par l'univers de la beauté et du bien-être, j'adore partager des astuces simples et efficaces pour prendre soin de soi au quotidien. À travers mes articles, mon objectif est d'accompagner les lectrices et lecteurs dans leur routine beauté, en leur offrant des conseils accessibles et adaptés à leurs besoins. Écrire pour Maminutebeauté est pour moi une véritable aventure qui me permet d’allier créativité et expertise.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *